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Les parents

Nadège

“J’ai lu vos livres donc je suppose que vous avez mille et mille messages à lire, mais sans conviction, je jette une bouteille à la mer.

Je suis la belle-mère, d’un jeune de 19 ans, et après déjà pas mal d’années de combats, j’essaie avec mon conjoint d’aider, d’accompagner, de comprendre, d’écouter, de soutenir et de regarder mon beau-fils s’enfoncer dans la drogue.

Après avoir commencé par du soutien avec l’assistante sociale (prévention contre la délinquance), les maisons de l’adolescent, les psychologues, la gendarmerie, le tribunal, drogue info service, et Alia pour nous étant donné qu’il est majeur maintenant, nous ne savons plus quoi faire.

Nous lui avons demandé de se plier aux règles de la maison ou de partir. Il a décidé de partir. Nous lui avons bien précisé qu’on ne le mettait pas à la porte, que s’il était à la rue, qu’il avait un souci ou qu’il avait changé d’avis, la porte était toujours ouverte. 

Après ses 2 mois de collocation, pendant laquelle les relations étaient meilleures, ils nous a demandé de revenir, car sa colloc se passait mal et ne savait pas où aller.

Et de nouveau, le même dilemme, les tensions reviennent vu qu’il ne travaille pas, n’a plus de permis, se lève à 13 h, mange peu, reste dans sa chambre toute la journée et part en teuf les week-ends.

Quelle solution ??? 

Le mettre à la porte comme nous réponde assistante sociale et autres… En tant que parents, nous en sommes incapables. 

Sauf sa mère à qui nous avons demandé de prendre le relais, ça n’a pas duré plus 1 mois, elle l’a mise à la porte. Nous l’avons donc récupéré sans permis et sans voiture (dans laquelle il vie quand il part plusieurs jours). 

Il doit récupérer son permis vers novembre, j’ai bien peur qu’il reparte vivre dedans jusqu’au prochain retrait de permis.

Quoi faire ????”

 

Anna & Laurent

I- LA DECOUVERTE DE L’IMPENSABLE

Nous sommes dans l’année 2008, et notre fils obtient son Bac ES en candidat libre. Puis, il obtient un diplôme d’université (DU) en un an. C’est une formation expérimentale, il est enthousiaste, il a les éloges des profs. Doué pour la négociation, il se lance dans la téléphonie ; il voit beaucoup de monde ; un peu surexcité, mais bon, c’est la jeunesse, se dit-on.

Un jour, un de ses amis donne l’alerte, en déc. 2010. On ne se doutait de rien, surtout que notre fils a toujours défendu les plus faibles, la nature ; il était anti-cigarette ; d’un tempérament très sociable et doux, sensible à la justice, au non-jugement.

– Au début, on n’y croit pas ; ce n’est pas possible, l’enfant qu’on a élevé, qu’on croyait bien connaître, consomme de la drogue, et ce n’est pas qu’un petit peu. Le ciel nous tombe sur la tête, mais il faut bien se faire à l’idée : Alex est entré dans la toxico-dépendance. Cela se voit : ses projets n’aboutissent pas ; il entame une formation qu’il arrête en cours de route ; puis il vit une déception amoureuse qui le met dans un grand désarroi. Il a perdu son allant, sa volonté, sa vie n’est plus rythmée comme celle d’un jeune homme qui va bien.

– Nous regardons les photos des 3 dernières années : c’est évident quand on regarde les photos, surtout ses yeux ; il y a une dégradation physique, et surtout, il ne sourit plus, il est très amaigri ; le cercle d’amis s’est évanoui, la vie sociale s’éteint au fur et à mesure, car sa vie tourne autour de la consommation de produits qui lui vident la tête.

– Nous consultons une psy ; puis nous entreprenons des séances familiales. Franche et directe, la psy nous dit : c’est l’addiction qui dirige votre fils. Il faut bien se rendre à l’évidence : ce n’est pas qu’une passade.

o Un médecin généraliste nous dit : Essayez de l’éloigner de son milieu habituel ; on organise un départ en Italie, puis dans le sud de la France, pour une reprise d’études mais c’est l’échec total. Car il n’est déjà plus capable de s’autogérer, au bout de 4 ans de consommation.

II – REACTIONS DU RESTE DE LA FAMILLE ET DES AMIS

1) La famille, les grands-parents

o Certains ont compris et suivi nos consignes : ne pas donner d’argent, pas d’hébergement.

o Chez d’autres membres de la famille, c’est le déni, c’est l’enfer pavé de bonnes intentions ; nous nous entendons dire que nous ne savons pas faire ; qu’ils vont s’en occuper et interfèrent, ce qui n’est vraiment pas facilitant pour le bien de notre fils.

o Les réactions sont imprévisibles ; il n’est pas évident d’y trouver la bonne aide au bon moment.

2) Et la fratrie ? Sa sœur a 2,5 ans de moins que notre fils

1. Elle a été aux premières loges, car toute notre vie de famille a été parasitée. Pour faire face, prendre de la distance, elle a eu besoin d’avoir recours à un suivi psy ; elle a comme nous fait aussi un chemin spirituel. 

2. Elle nous a suppliés, dans les pires moments, de nous relever, de faire quelque chose pour nous, pour aller mieux. Selon les propos de sa psy : « vous ne pouvez pas porter ce problème à la place de vos parents » ; elle avait l’impression que c’était elle qui jouait le rôle des parents, tant nous étions effondrés.

3) Quelques-uns de nos amis proches nous ont dit :

1. On ne vous reconnait plus ; il faut que vous vous occupiez de vous ; mais tout tourne autour de notre fils, en fait.

2. Confidence d’un couple d’amis, longtemps après : on avait l’impression que vous alliez vous écrouler d’une minute à l’autre

4) Les autres amis et relations :

1. ils ne comprennent pas mais ils veulent tout savoir, or c’est une curiosité malsaine qui ne nous rend même pas service.

2. ils ont une approche basique, culpabilisante (soit c’est la faute des parents ; soit c’est le jeune qui est un délinquant). Or, il faut comprendre que ce n’est ni l’un, ni l’autre.
Alors, il nous a fallu faire le tri dans nos relations, nous appuyer sur ceux qui étaient capables de compassion ; le regard de certains, qui avaient la foi, a été aidant.

III – ET NOUS, LES PARENTS, QUELLE A ETE NOTRE PREMIERE REACTION FACE A CE TSUNAMI ?

1) Au début, nous nous sommes isolés autour de notre souffrance

On a fait le vide autour de nous ; peu de gens savent le drame qui se joue dans notre famille. On ne dort plus la nuit car à part le sentiment de culpabilité, le sentiment d’échec, nous nous posons des tonnes de questions :

o La Toxico dépendance : c’est quoi au juste ? Comment on fait pour combattre cela, avec quels moyens ; quelles sont les solutions possibles … ?

2) On vit dans la peur de ce qui peut arriver à notre fils Notre vie a basculé dans un monde où l’on n’a pas envie d’être, mais qui s’impose à nous. Nous devenons « enquêteurs », pour savoir ce que notre fils fait, avec qui il est, ce qu’il consomme.

Nous avons peur qu’un jour le pire arrive. Parfois notre fils envoie par SMS des messages de détresse ; parfois des messages d’insultes, car sous les effets de la drogue il est désinhibé.

L’adorable bébé que vous avez cajolé, élevé, accompagné dans sa vie, à l’école, au sport, en promenade, le voilà prisonnier de cette addiction. Sur le conseil d’un ami psychiatre, nous faisons une hospitalisation à la demande d’un tiers. En clair, notre fils est hospitalisé en milieu psychiatrique pour une période d’observation de 15 jours qui doit servir de rupture addictive et voir comment il supporte ce sevrage forcé.

2 autres années se passent, avec des hauts et des bas, avec des états limite quand il consomme trop (il fugue plusieurs fois à Amsterdam) ; nous sommes déchirés à l’intérieur, avec toujours la peur de revivre ce que nous avons déjà vécu. Il faut savoir que la toxico-dépendance s’accompagne inévitablement de la dégradation physique ; impact sur la santé de notre fils : un lymphœdème (avec gonflement des jambes) ; il y a des moments où on perd l’espoir de voir notre fils reprendre une vie professionnelle, ou tout au moins, une vie « normale » de jeune.

IV-DANS UN DEUXIEME TEMPS, NOUS CHERCHONS APPUI AUPRES DU CORPS MEDICAL

A notre grand désarroi, nous nous rendons compte que le « système médical » a ses limites, ses propres interprétations, qu’il s’agisse du médecin généraliste, des addictologues (qui se trouvent être des psychiatres), nos contacts avec eux sont déroutants, démoralisants. Beaucoup d’entre eux considèrent que la toxico-dépendance est une maladie psychiatrique.

Leur discours est le suivant : l’addiction est une maladie ; s’il ne veut pas se sevrer, il est majeur, c’est sa liberté mais nous pouvons lui prescrire un traitement de substitution, sans limite de durée. Cela s’appelle « stabiliser » la personne, mais on ne parle pass de rétablissement (comme dans les fraternités anonymes que nous découvrons ensuite).

En fait, il y a une tendance forte à la médicalisation voire à la « psychiatrisation » de l’addiction (ce que dénonçait le Dr Olivenstein).

→2 hospitalisations en milieu psychiatrique ne font que rajouter de la souffrance inutile ; le tabac et le cannabis circulent dans les services psychiatriques, il faut le savoir.

→2 séjours en clinique de sevrage ; mais, dans certains lieux de sevrage, on vous demande d’être … sevrés à 90% avant d’entrer en sevrage, pour garantir le succès du sevrage, mais sans accompagnement à la sortie. Sa soeur s’exclame : « on leur demande d’être sevrés avant d’entrer en sevrage, ce n’est pas cohérent ! ».

→Enfin, un jour nous parvenons à mettre en place un protocole de sevrage avec une femme médecin généraliste, la première qui a le courage d’entreprendre un vrai accompagnement et suivi de notre fils.

→Arrive le confinement à cause du Covid : 2 ans pendant lesquels aucun service d’addictologie ne fonctionne (on ne reçoit plus les patients), 2 ans de statu quo.

Ce que nous apprenons de ces épisodes, c’est qu’un sevrage cela peut s’organiser sur 2 ou 3 semaines, ou quelques semaines si on veut prendre du temps ; mais, le plus important, c’est de ne pas rechuter, et pour qu’un sevrage tienne dans le temps, c’est comme dans la réparation de bâtiments, il faut un « étai », un accompagnement à l’abstinence. Et c’est là où le bât blesse ; hormis des RV de consultation épisodiques avec un addictologue, le toxico-dépendant vit livré à lui-même : soit chez lui, s’il en a les moyens et la capacité ; soit dans sa famille, où il est compliqué de fixer un cadre et où les relations ne sont pas toujours au beau fixe, comme vous l’aurez compris.

Comme beaucoup de jeunes addicts, notre fils travaille peu, puis plus du tout. Sans ressources, il a recours au RSA, puis a l’allocation AAH (système qui l’entretient dans une autre dépendance : c’est une compensation, mais il n’y a pas de garde-fou pour lutter contre la conduite addictive).

Nous sommes obligés de nous réinterroger au sujet du corps médical : pourquoi leur posture de « sachants » blesse notre cœur de parents ? Auraient-ils la même attitude s’il s’agissait de leur enfant ? Pourquoi notre colère monte quand nous sommes face à eux, quand parfois ils veulent bien nous recevoir (car notre fils est majeur).

Nous arrivons enfin à formuler notre pensée : notre combat, c’est un combat pour la liberté retrouvée, pas pour la « stabilisation » dans un état de dépendant social.

V- NOUS, PARENTS, COMPRENONS ENFIN QU’IL FAUT PRENDRE NOTRE BATON DE PELERIN SI NOUS VOULONS AIDER NOTRE FILS

A-Alors, pendant plusieurs mois, nous nous sommes documentés et déplacés pour rencontrer des témoins « crédibles » :

– Nous avons lu un grand nombre de livres témoignages, dont celui de Laurent GAY.

– Nous avons lu aussi les livres du Dr Olivenstein ; c’est lui qui disait : « Il n’y a pas de drogués heureux » ; il donne des explications concrètes sur la manière d’aider efficacement les personnes addictes.

– Nous nous sommes déplacés à des conférences : notamment celles où l’on nous explique clairement ce qu’est le cannabis d’aujourd’hui, quelle est sa vraie nocivité, alors que beaucoup de gens l’utilisent à usage récréatif sans se douter de rien (Cf. Laurent GAY).

B-Nous avons fait en sorte de maintenir le lien avec notre fils, avoir un minimum de vie familiale ; nous faisons des essais de vacances en famille pour « oublier tout ça ». Un jour, face à l’océan qu’il aimait étant petit, un jour notre fils nous dit : « l’océan n’a pas changé, c’est moi qui ai changé », les larmes aux yeux dans un moment de lucidité.

C- Nous avons élargi l’espace de notre tente, comme il est dit dans la Bible. Un jour, un couple d’amis nous a parlé d’un Dieu qui pardonne et qui sauve ; cela a été le début d’un rapide chemin de conversion pour nous, pour notre fille, et nous l’espérons, prochainement pour notre fils aussi (car il ne rejette pas la foi). Nous avons accepté un accompagnement spirituel. Pour autant, la guérison de notre fils prend du temps ; beaucoup de graines sont semées, qui n’ont pas forcément donné beaucoup de résultats, au regard des efforts investis, mais ce qui est certain, c’est que nous ne lâchons rien. Là où il y a une volonté, il y a un chemin. Nous continuons à mener ce combat, mais avec la foi. Il nous faut accepter de nous entendre dire : ce n’est pas vous qui sauverez votre fils, seul Dieu sauve : force et courage, nous dit-il, mais patience aussi !

CONCLUSION

En fait, notre errance s’achève le jour où nous décidons de rencontrer les jeunes qui s’en sont sortis.

Qu’avons-nous découvert ?

A ce moment-là, nous découvrons que, bien que chaque histoire soit différente, ce que les toxico-dépendants ont en commun : c’est une quête existentielle, une blessure profonde dont ils n’ont souvent pas idée, car la consommation leur fait perdre le fil de leur propre histoire. Issus de milieux aisés ou modestes, cela ne change rien au problème.

→Ceux qui s’en sont sortis nous ont permis de comprendre la psychologie de l’addiction, et surtout les moyens concrets pour en sortir. Enfin, un message d’espoir, mais dur à entendre. Comme ils nous l’ont témoigné (Simon, Bernard, Jean, Alban, Guillaume, et Cristina, Camille, Thérèse, Marie et bien d’autres) :

1) L’addiction nous marginalise. On met le doigt dans le processus d’exclusion sociale.

2) L’addiction attaque la volonté : la personne n’est pas en mesure de se prendre en mains pour changer, elle a besoin d’un accompagnement. A défaut d’accompagnement, on cherche à vivre des minima sociaux : c’est le lot de nombreux toxico-dépendants qui cherchent une compensation dans le système ; tous les témoignages concordent.

3) Pendant longtemps, ils sont dans le déni ; le déni veut dire que cela fait mal de regarder la réalité en face, à l’intérieur il y a un enfant blessé, il n’y a plus d’estime de soi, et donc à l’extérieur, on se victimise. Longtemps subsiste le refus d’être aidé.

4) Ce n’est que quand on dégringole très bas, qu’on touche le fond, qu’on éprouve le manque de tout (famille, amis, moyens financiers, toit, nourriture, hygiène, etc…) et la perte d’amis (morts d’overdose, par exemple) qu’alors, on réagit enfin en acceptant de se faire aider … Comprenez : les laisser toucher le fond, pour espérer les voir réagir…

Tel a été le cas pour notre fils. Qui est passé par la plupart de ces étapes.

➔ Ceux qui s’en sont sortis nous ont donné les moyens de comprendre comment on dépasse le stade de la dépendance pour se remettre dans la VIE :
Par la vie en communauté, auprès de pairs qui ont connu les mêmes écueils liés à l’addiction, il s’agit de lutter contre :

a. l’ISOLEMENT : la solitude est mauvaise conseillère ; l’addiction ne se soigne pas en restant à la maison ; faire une rupture avec le milieu de vie habituel (famille)

b. l’INACTIVITE : horizon limité par la dépendance, on revient toujours à l’envie de consommer

c. l’EXCLUSION

d. la DEGRADATION PHYSIQUE / avoir une hygiène de vie, un vrai accompagnement au quotidien Et parallèlement de :

e. RECONSTRUIRE l’estime de soi devient crucial : « il est clochardisé dans sa chambre » (c’est un ex-toxico qui dit cela) ; il est urgent de travailler à se reconstruire, en prenant en compte son histoire personnelle

f. être enfin ACTEUR de son rétablissement : sinon livré à lui-même, son univers tourne en rond sur lui-même et il reste consommateur (de traitements, d’aide sociale, …)

g. en se faisant AIDER PAR SES PAIRS, retrouver une perspective d’avenir, car ils ont vécu la même chose et savent les passages difficiles, les doutes, les
écueils à éviter – selon le modèle Minnesota, proposés par des communautés chrétiennes et aussi par les fraternités anonymes (narcotiques anonymes). En tant que parents, nous restons persuadés que seule cette expérience de vie en communauté, peut permettre un changement radical, le retour de l’envie de vivre, le remise en route de la volonté de s’en sortir, en s’appuyant sur cet indispensable accompagnement par les pairs.

Parce que :

1- Nous en avons reçu le témoignage vivant et vrai des jeunes qui s’en sont sortis ; ils ont retrouvé leur joie de vivre, leur vie sociale, leurs projets, une vie de famille

2- Nous avons aussi vu fonctionner ce modèle d’accompagnement de l’intérieur, en faisant une expérience d’immersion en communauté, et ce que nos yeux ont vu est remarquable : la vie retrouvée, la joie retrouvée, la paix retrouvée. Et beaucoup appris sur nous, parents. Depuis les rencontres avec ces jeunes « sauvés, guéris », notre cœur s’est apaisé.

Pour notre fils, ce sont de petits progrès, de petits pas ; beaucoup de choses ont été semées, à travers des personnes providentielles rencontrées avec qui il a fait un bout de chemin, des évènements et des informations qui ont été des ressources pour comprendre, y compris des psychothérapeutes plus doués que d’autres ; tout cela prend du temps pour germer. Notre fils suit une thérapie avec une psychologue et il s’y tient, c’est déjà ça. Le reste est dans les mains du Seigneur.
Humainement, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour notre fils ; il a maintenant 33 ans. Une parole de connaissance nous a été dite à Paray le Monial, il y a déjà quelques années : le Seigneur est à l’œuvre !

De nombreux versets de la Bible nous ont aidés à traverser cette mer agitée. Nous aimerions maintenant en partager quelques-uns parmi beaucoup d’autres qui nous ont portés :

ISAIE 43,16-21
Voici ce que dit l’Eternel, … Ne pensez plus aux premiers événements, ne cherchez plus à comprendre ce qui est ancien ! Je vais faire une chose nouvelle qui est déjà en germe..

Ne la remarquerez-vous pas ? Je vais tracer un chemin en plein désert et mettre des fleuves dans les endroits arides. 

MARC 11, 24
C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir. » 

JEREMIE 29, 11
En effet, moi, je connais les projets que je forme pour vous, déclare l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance.”

Une maman reconnaissante

Nathan*, né en 2000, a été un enfant exceptionnel, éveillé, joueur, créatif, social, joyeux, musicien, aimé de tous… 

Mais il a dû, dès sa naissance, faire face à la « différence » à cause de ses allergies alimentaires très fortes jusqu’à 6 ans, et ensuite à sa différence d’être « très sensible et le meilleur de la classe à l’oral, mais ne pas savoir lire et écrire en CE2 » les dys qu’on n’ose pas nommer à l’école ….

Les parents qui s’inquiètent cherchent pourquoi, s’adaptent à lui et qui passent des heures pour l’accompagner dans la scolarité pour suivre « comme tout le monde » afin de ne pas laisser Nathan en dehors de l’école. Ce qu’ont nommera tardivement dyslexique (car on ne doit pas dire cela avant de passer devant de nombreux psy, médecin, orthophoniste, etc.)

Au collège, nous sommes obligés de passer à la phase démarche MDPH pour mettre Nathan dans la case de la différence « en situation de handicap » afin d’avoir de l’aide, une AVS, des PAI, etc. Lourd !

Nathan a subi des moqueries au collège, car gentil, sensible et naïf, trop « différent » dans ce mode de jungle de l’adolescence.

Mais au lycée, Nathan (très intelligent) a dû hélas choisir un bac Pro. Quoi faire ? Difficile de répondre à 14 ans ? Quel métier quand on ne sait pas écrire ?
Nathan a dû aller faire son bac Pro (très spécifique) en internat privé loin de la maison. C´est là qu´il a connu la drogue.

Nous, parents, n’avons pas vu cela tout de suite. Et vers 16 ans, les ados test le cannabis en fête (comme l’alcool), cela peut paraître « normal ».

Mais le problème est que Nathan, (testé plus tard surdoué, HPI, Zébre) était bien trop sensible et naïf, il s’est laissé embarquer dans la drogue « douce » et ensuite, il est tombé à ses 17 ans sur un jeune (très violent, vulgaire, drogué, déscolarisé) qui l’a complètement gouroutisé pour se servir de Nathan.

Ce jeune l’a complément pris sous son emprise et Nathan s’est éloigné petit à petit de ses anciens amis, de sa famille, de son monde… Pour entrer dans l’augmentation des consommations, et ensuite la drogue dure. 

En se cachant, en devenant de plus en plus violent.
C’est après avoir fêté ses 18 ans, que nous avons su cela, son père et moi, notre fils consomme des drogues cannabis et drogues dures, il ne veut plus rien faire, il se laisse aller, il ne veut pas dormir la nuit, mais faire la fête, et dormir le jour…

Nathan a eu son Bac Pro, il a fait une belle fête pour ses 18 ans, mais hélas, il ne pouvait pas faire d’études supérieures.

À partir de ce moment-là, Nathan n’a pas voulu devenir adulte.

Et nous sommes entrés, son père et moi, dans le monde du jour au lendemain, notre fils est en danger, ne mange plus, ne se lave plus, ne se lève plus, se drogue, ne veut pas être adulte, parle de se suicider, il est violent, sale, méchant, ne respect plus rien, se met en colère extrême, ne nous écoute plus, n’écoute plus personne sauf son « gourou », ne veut pas finir son permis, ne respecte pas la maison, vole de l’argent, ment, n’a plus envie de rien et souhaite mourir, donc se drogue, pour oublier ? Faire partie d’une bande ? Se détruire ? Ne pas être adulte ? Par addiction ?

La chose la plus difficile, c’est qu’à 18 ans, lorsque les parents, qui aiment et cherchent à aider leur enfant, contactent (De nombreux services santé, psychologue, psychiatre, hôpital, etc. ) on nous répond :

Vous ne pouvez rien faire les parents, Nathan est adulte et c’est lui qui doit agir, prendre rv, vouloir se soigner, c’est lui qui décide, car il a 18 ans !

À 2 mois près, nous aurions pu aider notre fils, car il avait 17 ans.
À 2 mois près, 18 ans, on ne peut plus rien pour lui et c’est horrible à vivre.

Car lui, drogué, n’a pas envie de se sauver, d’arrêter, ni de guérir… Car il a décidé de se droguer pour se détruire !

IMPUISSANCE
INCOMPRÉHENSION
NUITS BLANCHES
DÉSESPOIR
VIE DE FAMILLE BRISÉE
PLEURS
CRIS, DISPUTES, SOUFFRANCES DE LUI, de nous, de sa PETITE SŒUR
PEUR jour et nuit (de se faire taper dessus, qu’il meurt d’overdose, qu’il fugue, qu’il soit à la rue, qu’il se suicide, qu’il meurt de faim, de froid, qu’il ramène ses dealers chez nous pour brûler et casser la maison, qu’il vole pour acheter sa drogue, qu’il deale, qu’il aille en prison, etc.)

5 ans, les parents à essayer de l’aider, essayer de garder le lien de communication, de le cadrer ou de lui parler, de lui dire « je t’aime » , de le forcer à se laver, le forcer à mettre son assiette au lave-vaisselle (mais lui, par provocation ne faisait plus rien, et nous parlait avec mépris, sur tout, tout le temps).

5 ans à faire appel à des spécialistes (ou idées) pour tenter tout ce qu’on pouvait :
Thérapie familiale chez le centre d’addicto
Psychologue privé pour lui (très cher !!!)

Psychiatre (Qui lui donne des médocs très fort et qui le mettent ko ? Encore plus peut-être ?)

Astrologue

Énergéticien

Médecine de famille

La mission locale

Petit gentil rappel à l’ordre des gendarmes
Prières
Internement de force, car Nathan menaçait physiquement sa mère. (1 semaine et ensuite l’hôpital le laisse sortir sans soin, sans sevrage …il a 18 ans, c’est à lui de décider!!!)

5 ans où Nathan fait des dettes, des dettes, des dettes et consommait de plus en plus

5 ans à se battre contre la drogue, l’addiction
Lui parler d’une super clinique (en forêt) pour jeunes, 2 entrées dans cette clinique, et 2 expulsions.

Une horreur pendant le confinement

Un drogué sans drogue, une mère seule au bord de la crise cardiaque pour supporter cela, une maman, ce n’est pas une infirmière psychiatrique !!!!!!

Personne pour m’aider,
Seule, avec mon fils qui se détruit, qui me détruit et qui détruit sa sœur

Je propose après les 8 semaines de sevrage en 2021 (On a dû lui faire du chantage « si tu vas te faire soigner, on rembourse tes dettes 3 600 € »… Et comme Nathan était menacé de mort, de torture, de viol, etc. Il a eu peur et il a dit oui pour aller en clinique.), proposition de l’emmener à Cenacolo (Lourdes) lieu collectif pour personnes sous addiction, ou la ferme de la Berdine (Alpes), mais Nathan a refusé, il était trop sous emprise des 15 « bangs » quotidiens et drogues dures…

Il était pris au piège. La seule motivation, le matin, est de savoir comment il va faire pour trouver sa dose du jour. Plus rien ne l’intéresse d’autres que cela. C’est le cycle infernal qu’on observe impuissants et désespérés, nous les parents.

En 2021, je lui donne un numéro de téléphone, Laurent Gay, je lui lis un texte de témoignage.
6 mois plus tard, alors que Nathan se retrouve à la porte de ses parents (après la 2e expulsion de la clinique), il va planter sa tente dans un champ, derrière chez sa mère… (ses soit disant amis de drogue ne l’hébergent pas, c’est un monde de requin).

Début 2022, inondation de son campement, il a faim, il a froid. Il ne sait plus où aller, il regarde une vidéo de Laurent Gay et me dit qu’il veut écrire une chanson sur lui !

Je saute sur l’occasion et je lui donne le tél de Laurent.
Il l’appelle… Et ensuite me dit : je vais partir chez une dame, maman est ce que tu peux appeler la dame ! (miracle, Nathan n’avait plus de projet à lui depuis 5 ans et refusait tout.).

Laurent a su l’écouter et le diriger vers Myriam en Bourgogne. Merci Laurent de tout cœur.

Il suffit parfois d’un rien, d’un contact, d’une vidéo… Pour qu’un lien se crée lorsque c’est le bon moment ou que le jeune soit près de sentir sa vie basculer vraiment ?

Nous, parents, nous avons tout fait pour saisir cet « élan de Nathan » et faciliter son départ.

Payer la chambre chez Myriam et la nourriture. Et nous avions aussi besoin de cet éloignement pour souffler, et nous en remettre (être aidant de son enfant, jour et nuit, pendant 5 ans est épuisant).

Il est arrivé chez Myriam qui a su (Malgré les colères, l’addiction, les insultes… Le manque d’énergie.) le cadrer et l’accueillir avec bienveillance.
Nathan lui parlait le soir très tard. Myriam a toujours su le prendre et cadrer aussi, pour essayer de le faire réagir, chercher du travail, essayer de faire ses papiers administratifs, etc.

Myriam lui préparait des bons petits plats, pour lui faire plaisir et tous les jours elle avait de l’énergie pour l’accompagner.

Elle a réussi à créer un lien de confiance, tout en se faisant respecter.
Myriam a été dans la transparence avec nous parents. Elle a su mettre les mots pour parler à Nathan, avec parfois fermeté, mais en étant tout le temps bienveillante. Hôte d’accueil, éducatrice, psychologue = Myriam a la capacité de s’adapter aux jeunes en difficultés.

Nathan a pu raccrocher à sa vie, grâce à Laurent et à Myriam.

Après 2 mois chez Myriam en 2022, il a été 1 mois SDF, mais ensuite, il a été pris en charge par une association et il est de lui-même allé vers le centre d’addicto, à la mission locale, il a bénéficié du contrat d’engagement jeune, une association lui a trouvé une place FJT et aujourd’hui, janvier 2023, il a un travail pour 8 mois en insertion.

Aujourd’hui, Nathan choisit sa vie, il ne consomme « que » du CBD, fume encore beaucoup, mais il a décidé de vivre !!!!! Miracle le 1er avril 2022, Nathan m’appelle et me parle gentiment, pour me demander de mes nouvelles (on est en lien tous les 15j au tel depuis, ça se passe bien.) et il est venu le 24 déc, me voir pour Noël.
Tout est possible, il ne faut jamais désespérer et toujours essayer de garder le lien avec son enfant toxicomane (en dissociant bien sûr, la personne qu’on aime de façon inconditionnelle d’un côté et les faits qu’on ne tolère pas d’un autre côté).

Myriam est toujours en lien avec lui. Elle lui donne une présence sécurisante par ses appels téléphoniques réguliers aujourd’hui, et l’amour qu’elle donne dans l’accompagnement sincère.
Elle a été une lumière sur le chemin de notre fils.

Car parfois, les jeunes n’écoutent plus les parents.
Nathan devait beaucoup souffrir pour avoir envie de se détruire de cette façon avec la drogue, et les parents sont impuissants face à cela.

Laurent, Myriam… Une tierce personne peut, je pense, aider à guider le jeune vers la vie plutôt que vers la mort.

Laurent, Myriam, merci d’être et d’avoir été des anges gardiens pour Nathan.

(*son prénom a été changé bien sûr)

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